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La Libye annonce la mort du chef jihadiste Belmokhtar, Washington prudent
Capture d'écran en date du 17 janvier 2013 d'une vidéo obtenue par l'agence de presse mauritanienne ANI qui montrerait Mokhtar Belmokhtar dans un lieu non identifié
La Libye a annoncé la mort du chef jihadiste Mokhtar Belmokhtar, cerveau de la meurtrière prise d'otages d'In Amenas en Algérie en 2013, dans un raid américain sur l'est de la Libye, mais les Etats-Unis ne l'ont pas confirmée.
Washington a indiqué que Belmokhtar avait bien été la cible d'une frappe américaine, mais qu'il étudiait toujours son impact.
"Notre première évaluation est que le bombardement a réussi" à tuer Belmokhtar, "mais nous ne sommes pas prêts" à confirmer cette évaluation, car "nous n'avons pas finalisé" le processus de vérification, a déclaré lundi le porte-parole du Pentagone, le colonel Steve Warren.
De son côté, le président français François Hollande a estimé qu'il y avait "une très forte probabilité" que le chef jihadiste algérien ait été tué, en soulignant que les services secrets français savaient qu'il se trouvait en Libye.
S'il était confirmé, le décès de Belmokhtar représenterait un succès dans la traque que mènent les Américains contre les chefs des groupes jihadistes, qu'ils pourchassent dans de nombreux pays notamment à l'aide de drones.
Un responsable du gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale a affirmé que Mokhtar Belmokhtar avait été tué dans une frappe américaine ayant visé "une ferme" à Ajdabiya, à 160 km à l'ouest de Benghazi, dans l'Est libyen. Il y "tenait une réunion avec d'autres chefs de groupes extrémistes, dont des membres d'Ansar Asharia", un groupe libyen lié à Al-Qaïda et classé terroriste par l'ONU.
Le Pentagone a précisé avoir utilisé deux chasseur-bombardiers "F-15 Strike Eagle armés de bombes guidées" pour cette attaque, ainsi que des drones d'observation.
Sur les réseaux sociaux, des comptes jihadistes ont fait état de sept morts dans le raid. Sur sa page Facebook, un groupe islamiste local a publié des photos de corps ainsi que les noms des personnes tuées, sans aucune référence à Belmokhtar.
Le jihadiste algérien avait déjà été donné pour mort par le Tchad en avril 2013, mais Belmokhtar avait revendiqué le mois suivant un double attentat-suicide ayant fait une vingtaine de morts au Niger.
- Fidèle à Al-Qaïda -
Né en juin 1972 à Ghardaïa, aux portes du Sahara, Belmokhtar a combattu en Afghanistan en 1991, où il a perdu un ?il, ce qui a valu le surnom de "Laouar" (le borgne).
Ex-chef d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), avec laquelle il était entré en dissidence, il a créé fin 2012 sa propre unité combattante, les "Signataires par le sang".
En janvier 2013, Belmokhtar a revendiqué l'attaque et la prise d'otages massive sur le complexe gazier d'In Amenas, en Algérie, qui a coûté la vie à 37 étrangers, un Algérien et 29 ravisseurs.
Puis il a réaffirmé en mai la loyauté de son groupe, Al-Mourabitoune, à Al-Qaïda, et démenti l'allégeance au groupe Etat islamique (EI) proclamée par un autre dirigeant, laissant présager une sérieuse discorde dans la hiérarchie du mouvement.
Al-Mourabitoune est né en 2013 de la fusion des "Signataires par le sang" et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), un des groupes jihadistes ayant contrôlé le nord du Mali jusqu'au lancement de l'opération française Serval en janvier 2013.
- Rare opération américaine en Libye -
"Si la fin tragique (de Belmokhtar) se confirmait, ce serait une page de l'histoire du jihadisme au Sahara qui se tournerait. La fin de l'aile libyenne du mouvement Al-Mourabitoune, qui est ainsi décapitée", a déclaré à l'AFP à Nouakchott Isselmou Ould Salihi, expert mauritanien du jihadisme au Sahel.
Condamné à mort à deux reprises par la justice algérienne, Belmokhtar aurait commandité l'assassinat de quatre Français en Mauritanie en décembre 2007, et la prise en otages de deux Canadiens en 2008, et de trois Espagnols et deux Italiens en 2009.
Plongé dans le chaos depuis la chute en 2011 de l'ancien dictateur Mouammar Kadhafi, la Libye est déchirée par des combats entre milices lourdement armées, et le pays compte actuellement deux gouvernements et Parlements rivaux.
Des groupes jihadistes ont profité de ce chaos, notamment le groupe Etat islamique qui s'est implanté l'an dernier en Libye et qui a annoncé le 9 juin avoir pris la ville de Syrte (450 km à l'est de Tripoli).
La dernière opération en Libye des Etats-Unis, qui disposent de drones basés au Niger voisin, datait de juin 2014. Leurs forces spéciales avaient alors capturé Ahmed Abou Khattala, un des organisateurs présumés de l'attaque contre le consulat américain à Benghazi en 2012, qui avait coûté la vie à l'ambassadeur Chris Stevens et trois autres Américains.
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