Le pari de Hollande
BILLETIl a donc tranché. Au lendemain d'un second tour de municipales catastrophique, François Hollande a réagi en nommant rapidement Manuel Valls Premier ministre. Signant de facto la fin du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, dont on dit qu'il a vendu chèrement sa peau.
En choisissant Manuel Valls, le chef de l'Etat joue donc la carte de l'efficacité et de l'autorité. Une façon de dire qu'il a entendu une partie du message des Français, incapables de se reconnaître dans une équipe exécutive secouée par les couacs à répétition. Valls, lui, serait garant d'une ligne plus claire et affirmée, à l'image de son caractère bien trempé.
Pourtant, dans un contexte où les voix s'élèvent pour que le Président donne un coup de barre à gauche, l'intronisation de Manuel Valls ne fait pas l'unanimité, loin de là. Des écolos à l'aile gauche socialiste justement, on considère que l'ex-ministre de l'Intérieur défend au contraire une politique très libérale et n'a pas la capacité de rallier les troupes désunies autour de lui.
Au-delà du casting, certains préviennent ainsi déjà qu'ils ne suivront pas forcément le gouvernement sur le pacte de responsabilité, si ce dernier n'est pas amendé et si le gouvernement ne pose pas des marqueurs clairs à gauche. Claude Bartolone, par exemple, a évoqué la nécessité d'initier un «pacte de cohésion sociale» en marge du pacte de responsabilité, d'autres réclament des baisses des cotisations salariales pour gonfler le pouvoir d'achat des classes populaires. Manuel Valls peut-il vraiment incarner cette politique, en parfaite cohésion avec le chef de l'Etat ? C'est le pari de François Hollande. Mais il n'est pas gagné d'avance.