▼ 亲,升级 法语角VIP 后查看精彩内容哦
O(∩_∩)O~
Un journaliste contredit la version officielle sur la mort de Ben Laden
Le 2 mai, dans les ruines de la maison d'Abbottabad (Pakistan) où Oussama Ben Laden aurait été tué en mai 2011. (Photo AFP. STR)
DÉCRYPTAGE Pour Seymour Hersh, l’administration Obama aurait donné une fausse histoire du déroulement de l’opération qui a conduit à la mort du chef d'Al-Qaeda.
Seymour Hersh, figure légendaire et controversée, affirme dans la London Review of Books que la version de la Maison Blanche «aurait pu être écrite par Lewis Carroll».
QUE DIT SEYMOUR HERSH ?
Le journaliste américain contredit non seulement la façon dont la CIA a localisé Oussama Ben Laden, mais aussi le déroulement du raid des forces spéciales du 2 mai 2011 dans lequel il a été tué. D’après lui, le chef d’Al-Qaeda n’a pas été localisé dans sa maison d’Abbottabad, à moins d’une heure de route d’Islamabad, la capitale pakistanaise, grâce à l’identification puis la filature de l’un de ses messagers. Ce serait en réalité un ancien responsable de l’Inter-Services Intelligence (ISI), les services de renseignements militaires du Pakistan, qui aurait livré l’information en échange d’une partie des 25 millions de dollars de récompense promis par les Etats-Unis à qui aiderait à capturer Ben Laden. Celui-ci aurait par ailleurs été formellement identifié par une analyse ADN effectuée avant le raid ; le dirigeant d’Al-Qaeda, gravement malade selon Hersh, aurait régulièrement reçu la visite d’un médecin pakistanais envoyé par l’ISI. Officiellement, le raid a été décidé alors que la CIA n’était pas absolument s
ûre que Ben Laden soit effectivement à Abbottabad. Les renseignements indiquaient seulement qu’une cible de «haute valeur» s’y cachait.
Surtout, l’opération de mai 2011 aurait été lancée en coordination avec l’ISI. D’après Hersh, les services pakistanais auraient été à la manœuvre depuis plusieurs années et auraient retenu prisonnier Ben Laden à Abbottabad depuis 2006. Là aussi, la contradiction est totale avec les déclarations d’officiels américains qui ont toujours affirmé que le raid s’était fait sans qu’Islamabad ait été prévenu.
SA VERSION EST-ELLE PLAUSIBLE ?
Le principal problème est qu’elle s’appuie essentiellement sur une source anonyme décrite par Hersh comme un responsable retraité des services de renseignements américains. Le journaliste ne dévoile aucun mémo ou rapport pour accréditer sa thèse.
Cela étant, l’une de ses affirmations – des responsables des services pakistanais savaient où se cachait Ben Laden – semble plausible. C’était déjà la conclusion d’une enquête du New York Times publiée en mars 2014. Les spécialistes de la région ont toujours douté que Ben Laden ait pu se cacher si longtemps à Abbottabad, ville de garnison qui accueille une académie militaire, sans que l’ISI n’en soit informée. Particulièrement puissante, l’agence de renseignements est connue pour ses liens et son double jeu avec les groupes radicaux présents au Pakistan. D’un côté, elle laisse opérer les drones américains qui ciblent les dirigeants d’Al-Qaeda et les commandants talibans, de l’autre, elle accueille et protège des chefs jihadistes. L’un des plus connus est Jalaluddin Haqqani, allié des insurgés qui combattent de l’autre côté de la frontière, en Afghanistan. Des milliers de jihadistes, membres d’Al-Qaeda et des mouvements talibans pakistanais, ont longtemps trouvé refuge dans la zone tribale du Waziristan du Nord. L’armée pakistanaise y a finalement lancé une opération militaire l’été dernier.
Les chefs talibans afghans se rendent eux aussi régulièrement au Pakistan en toute impunité, quand ils n’y vivent pas à l’année. Le mollah Omar a longtemps été donné comme habitant à Quetta (Sud) ou dans ses environs. Gulbuddin Hekmatyar, le dirigeant du Hezb-i Islami, a, lui, été basé à proximité de Peshawar, selon les services de renseignements afghans. Ce double jeu s’explique par la volonté d’Islamabad de conserver une zone de «repli stratégique» en Afghanistan en cas de guerre avec l’Inde. L’ex-président afghan Hamid Karzaï s’est régulièrement emporté contre le Pakistan qu’il accusait d’être la base arrière des talibans afghans.
POURQUOI SEYMOUR HERSH EST-IL CONTROVERSÉ ?
Hersh, 78 ans, reste une légende du journalisme. Il a reçu un prix Pulitzer pour avoir révélé le massacre de centaines de civils vietnamiens par l’armée américaine en mars 1968 à My Lai, un village du golfe de Tonkin. Mais le journaliste s’est aussi illustré par des erreurs et une forme d’appétence pour les théories du complot. Il avait par exemple annoncé que l’Iran s’apprêtait à lancer une attaque nucléaire en 2006.
Plus récemment, il a imputé, contre toute évidence, aux rebelles syriens la responsabilité d’une série d’attaques chimiques au sarin à la Ghouta, dans la banlieue de Damas, qui ont tué 1 500 personnes le 21 août 2013. Mais son article, publié dans la London Review of Books, s’appuyait essentiellement sur une source anonyme et multipliait approximations et incohérences. Hersh passait également sous silence tous les éléments qui n’allaient pas dans son sens, telles les affirmations de responsables occidentaux et des Nations unies, et le fait que les zones d’où ont été lancées les attaques aient été tenues par le régime. Il oubliait aussi les mouvements de matériels et d’unités de l’armée syrienne dans les jours qui avaient précédé le massacre.
本内容为法语角编辑整理,转载请注明出处为法语角。