Le projet de la tour Triangle s'embourbe dans les procédures
URBANISME - Le projet de tour Triangle, rejeté d'une courte majorité au Conseil de Paris de novembre, passera entre les mains du Conseil d'Etat, et peut-être du Conseil constitutionnel. L'UMP met en cause le vote à bulletin secret qui avait été imposé par le groupe socialiste. Paradoxalement, ces procédures pourraient donner une deuxième vie au projet d'Unibail dans le 15e arrondissement.
Le projet de tour Triangle renvoyé aux calendes grecques. Enterré en novembre d'une courte tête par les élus parisiens, l'immense édifice qui devait voir le jour à la porte de Versailles (15e) s'embourbe désormais dans les procédures. Mercredi, le tribunal administratif de Paris a décidé de transmettre au Conseil d’Etat une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soulevée par Nathalie Kosciusko-Morizet, la patronne de l'UMP parisienne.
L'élue y dénonçait la manière dont le groupe socialiste a imposé un vote à bulletin secret au Conseil de Paris, en novembre, pour tenter de faire passer son projet en trouvant des alliés de circonstance, notamment sur les bancs de la droite. Le PS s'était en effet appuyé sur le règlement parisien, qui prévoit le vote secret si un tiers des élus le réclament. Un "déni démocratique", juge le conseiller de Paris UMP Jean-Didier Berthault, qui se félicite auprès de metronews de cette décision du tribunal.
Résultat : aucune décision sur le fond, mais un sacré coup de canif dans le calendrier rêvé de la mairie de Paris, qui n'a pas perdu l'espoir de rallier une majorité au grand projet privé d'Unibail. Cette semaine, l'adjoint à l'urbanisme Jean-Louis Missika affirmait justement à l'AFP que le projet de tour Triangle, légèrement modifié, s'apprêtait à faire son grand retour dès avril au Conseil de Paris. Un scénario impossible, affirme Jean-Didier Bertault, pour qui la justice doit d'abord se prononcer. Sollicitée dimanche par metronews, la Ville ne s'est pas exprimée.
"Plus rien avant l'automne"
La transmission du dossier au Conseil d’Etat, puis l'éventuelle décision de saisir le Conseil constitutionnel, retarderont le dossier de plusieurs mois. "Il ne se passera plus rien avant l'automne", assure Jérôme Dubus, l'un des rares conseillers UMP ouvertement favorables à la tour Triangle, combattue par Nathalie Kosciusko-Morizet.
Cependant, ces atermoiements pourraient aussi être une aubaine pour les défenseurs du projet. "Unibail l'a retravaillé en proposant de doubler les surfaces non consacrées aux bureaux, dont des services publics, explique Jérôme Dubus. Certains élus pourraient être séduits." Le rejet en novembre s'était joué à 5 voix. Si les écologistes restent hostiles à la tour, le ralliement des centristes, voire d'élus UMP, pourrait facilement renverser la tendance. Pour la Ville, ces quelques mois de délai offerts par la justice ne seront pas de trop pour aller à la pêche aux soutiens.
Extrait de l'ordonnance du tribunal administratif du 21 janvier.