L'armée syrienne prend la ville clé de Yabroud
Soldats des forces gouvernementales syriennes dimanche à Yabroud, à la frontière libanaise. (Photo Joseph Eid. AFP)
Offensive. Attaqué par les loyalistes et le Hezbollah, le bastion rebelle est tombé en quarante-huit heures.
On s'attendait à une interminable bataille, comme lors du siège d'Al-Qoussayr, en mai-juin 2013, mais, cette fois, c'est une offensive éclair qui a permis aux forces d'élite syriennes et aux combattants du Hezbollah de s'emparer dimanche soir de la ville stratégique de Yabroud, l'un des plus importants fiefs des insurgés dans la région montagneuse du Qalamoun. Cette chute du dernier bastion rebelle près de la frontière libanaise va permettre aux troupes loyalistes de sécuriser la grande route qui relie Damas au littoral méditerranéen et à Alep, et de couper les lignes d'approvisionnement des insurgés.
Afflux. «Ce fut la bataille la plus difficile que nous avons menée car les rebelles se trouvaient dans la montagne qui entoure la ville et dans les immeubles de Yabroud. Il a fallu d'abord s'occuper des collines puis, samedi, nous sommes entrés par l'est de la ville jusqu'au centre sportif, et aujourd'hui nous avons fini le travail», a précisé un officier syrien cité par l'AFP.
Pour le Front al-Nusra, l'une des principales organisations rebelles et la branche syrienne d'Al-Qaeda, la défaite est d'autant plus sévère qu'il avait promis de défendre la ville avec acharnement et de «transformer Yabroud en cimetière pour les assaillants». Or ses lignes de défense, renforcées par des centaines de jihadistes venus de l'étranger, ont été rapidement enfoncées, si bien que la bataille n'a duré que quarante-huit heures.
Parallèlement, selon une source militaire syrienne, 14 des 18 points de passage sur la frontière entre la Syrie et le Liban sont désormais sous le contrôle des forces loyalistes. Conséquence de cette avancée des forces gouvernementales : un afflux sans précédent de rebelles dans le Liban voisin, comme s'en inquiétait lundi le quotidien libéral Al-Nahar, et des risques d'attentats de représailles contre le Hezbollah, comme celui perpétré dimanche par un kamikaze au village de Nabi Othman, près de la frontière syrienne, qui a fait quatre morts et sept blessés.
Vengeance. L'attentat a été revendiqué par le Front al-Nusra et par un groupe armé sunnite peu connu, Liwa Ahrar al-Sunna, qui l'ont présenté comme une «vengeance pour Yabroud». Une voiture piégée a par ailleurs été neutralisée et quatre roquettes ont été tirées depuis la Syrie et ont frappé lundi la plaine de la Bekaa, fief du «parti de Dieu».
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (proche de l'opposition), le Hezbollah aide à présent les troupes régulières syriennes à verrouiller la frontière et est désormais chargé de contrôler de larges secteurs de Yabroud, une ville d'environ 50 000 habitants. Selon lui, 19 combattants de la milice chiite ont été tués lors des combats et les funérailles de l'un d'eux se sont déroulées à Tyre, dans le sud du Liban.