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1816, l’année où il n’y a pas eu d’été
Au total, il y eu 13 petits jours de beau temps en trois mois.
Un été pourri peut-il succéder à un printemps pluvieux. Oui. Les annales météorologiques attestent que 1816 fut une «année sans été».
Les tableaux météorologiques de l'Observatoire de Paris conservent les statistiques désastreuses de cet été 1816. Jugez plutôt. En juin, on y recensait 25 jours de ciel couvert ou très nuageux dans la capitale et 5 jours de beau temps. Le mois de juillet avait réservé 10 jours de pluie, 18 jours de ciel couvert ou très nuageux et 3 petits jours de beau temps. Et que dire d’août marqué par 6 jours de pluie, 20 jours de ciel couvert ou très nuageux et 5 jours de beau temps. Au total, 13 jours de beau temps en trois mois. C’est peu dire que l’été avait été maussade. C’est comme s’il n’était jamais venu.
Mais la France ne fut pas le seul pays touché. En Europe des températures bien en-dessous des normales et de fortes pluies détruisirent les récoltes. Aux Etats-Unis, des chutes de neige furent recensées en juin à Boston. Et outre quelques insolites blizzards pour la saison, de la glace fut observée sur les lacs de Pennsylvanie. Inutile de préciser que les récoltes furent fichues. Idem en Chine où des chutes de neige recensées en plein été ont provoqué de maigres récoltes.
Un volcan comme accusé
Les scientifiques de l’époque notèrent ce dérèglement météorologique sans pouvoir avancer la moindre explication. Il faudra attendre les années 1910 et les travaux du météorologue William Jackson Humphreys pour qu’une hypothèse se dégage. Ce dernier publia un article faisant le lien entre l'une des éruptions les plus violentes du millénaire, celle du volcan Tambora en Indonésie le 5 avril 1815, et cet été déprimant. Il fut le premier à démontrer comment les particules de sulfate liées aux éruptions ont un effet significatif sur le climat. Tambora était donc le responsable de cette catastrophe climatique.
Retenons néanmoins que ce dérèglement climatique inédit marqua les arts. En effet, Turner immortalisera les ciels rouges de l'automne 1815, directement liés à la forte concentration en cendres volcaniques dans le ciel de Grande-Bretagne. Et en Suisse, la météo inspira à Mary Shelley et Lord Byron deux chefs d’œuvre de la littérature, «Frankenstein» et «Ténèbres».
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