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Rentrée scolaire: les profs aujourd'hui, les élèves demain
Une famille fait ses courses de rentrée dans un supermarché de Labège, en Haute-Garonne, le 20 août 2015
Les 855.000 enseignants franchissent lundi les portes des écoles, collèges et lycées de France, avant l'arrivée le lendemain des plus de 12 millions d'élèves. Quelques inédits les attendent cette année: les programmes de maternelle, un enseignement moral et civique et la réforme des zones prioritaires.
Cette rentrée poursuit les réformes lancées en 2013 par le ministre de l'Education d'alors, Vincent Peillon. Aujourd'hui portées par Najat Vallaud-Belkacem, les nouveautés de 2015 sont relativement consensuelles, contrairement à ce qui se prépare pour septembre 2016.
Entreront alors en vigueur les réformes des programmes et du collège, dossiers qui pourraient peser lourd sur cette année scolaire, en raison des très fortes divisions, y compris au sein du corps enseignant. D'autant que la droite est bien décidée à occuper le terrain à l'approche de la présidentielle de 2017.
L'intersyndicale regroupant les organisations hostiles à la réforme du collège se réunit dès mardi pour discuter d'une grève en septembre et d'une manifestation en octobre. Trois syndicats ont d'ores et déjà déposé un préavis de grève pour la pré-rentrée des professeurs.
François Hollande et la ministre devraient se déplacer mardi en Picardie à l'occasion de la rentrée scolaire.
Les rythmes scolaires, dont la mise en place l'an dernier en maternelle et en élémentaire, avait été chaotique dans plusieurs régions, devraient eux moins faire parler d'eux. A Marseille, l'une des villes les plus à la traîne, la mairie assure que "tout est complètement prêt".
Les tout-petits vont découvrir une maternelle rénovée. Cette école, spécificité française, va accorder plus de place au vocabulaire, au jeu et à la socialisation, avec de nouveaux programmes scolaires.
Les enseignements s'orientaient de plus en plus ces dernières années vers "une anticipation dans la préparation à la lecture et l'écriture, au détriment d'autres acquisitions", selon un rapport de l'Inspection générale. Cette pression précoce plaçait des enfants très jeunes en situation d'échec scolaire. La maternelle est désormais définie comme "une école bienveillante".
- Débats et argumentation -
Après les attentats de janvier et les perturbations de la minute de silence dans des établissements scolaires, l'Enseignement moral et civique (EMC) était très attendu. Son programme n'a été publié qu'en juin et les syndicats réclamaient son application seulement à la rentrée 2016. Mais Mme Vallaud-Belkacem a préféré ne pas attendre, au regard des enjeux.
La différence avec l'éducation civique qu'il remplace: "la cohérence", répond la ministre, soulignant que cet enseignement suivra l'élève du CP à la terminale. Surtout, cet EMC doit être plus concret et fera la part belle aux débats et à l'argumentation.
Car si la France est en pointe depuis les années 1990 dans l'éducation à la citoyenneté, le Conseil national d'évaluation du système scolaire soulignait en janvier l'aspect "désincarné", voire "hors-sol" de ces enseignements.
Enfin, la réforme des ZEP (Zones d'éducation prioritaire), entamée il y a un an, finit de se déployer dans les collèges et écoles les plus difficiles, avec du soutien pour les 6e, du temps pour le travail commun des professeurs et des primes rehaussées.
Créée il y a plus de trente ans par Alain Savary, l'éducation prioritaire (20% des écoliers et collégiens) n'a pas réussi à "donner plus à ceux qui ont moins", malgré un empilement de dispositifs. Les enquêtes PISA, qui comparent les systèmes scolaires des pays les plus riches, soulignent que la France est un des pays où l'origine sociale d'un élève pèse le plus sur son destin scolaire.
Les ZEP cèdent la place aux REP (Réseaux d'éducation prioritaire) et REP+ (Réseaux d'éducation prioritaire renforcés, au nombre de 350, qui recevront encore plus de moyens). Au total, il y aura 1.089 réseaux. Certains établissements entrent dans le dispositif, d'autres en sortent... et grognent contre la baisse de leurs moyens.
Les parents eux s'inquiètent d'effectifs très chargés par endroits dans les classes, notamment au lycée, selon Valérie Marty, présidente de la Peep, une fédération de parents d'élèves.
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