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La Grèce se prépare à une semaine risquée pour son économie et pour Tsipras
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras au palais présidentiel à Athènes, le 18 juillet 2015
La Grèce retenait son souffle dimanche avant une semaine cruciale pour son rétablissement économique, entre réouverture des banques et choc fiscal, mais aussi pour l'avenir d'Alexis Tsipras.
Les banques, fermées depuis le 29 juin, doivent réouvrir lundi, en vertu d'un décret publié samedi par le gouvernement, remanié pour évincer les ministres frondeurs.
Les restrictions et contrôles de capitaux restent en place, avec des assouplissements. La limitation des retraits d'argent liquide est fixée à 420 euros par semaine, au lieu de 60 euros par jour, afin d'éviter aux Grecs de refaire chaque jour la queue au distributeur.
Des exceptions sont aussi créés pour ceux devant payer des soins médicaux ou des études à l'étranger.
La situation du pays reste très précaire. Athènes va recevoir un prêt d'urgence de 7 milliards d'euros qui seront vite engloutis par un remboursement lundi à la Banque centrale européenne (4,2 milliards d'euros) et par le règlement d'arriérés auprès du Fonds monétaire international (2 milliards).
- Le retour de la "troïka" -
Malgré tout, la chancelière allemande Angela Merkel a répété dimanche son opposition à une réduction "classique" de la dette grecque, jugeant qu'un tel "haircut" ne pouvait avoir lieu "dans l'union monétaire".
"La Grèce a déjà obtenu des allègements", a-t-elle rappelé. "Si l'examen du programme qui doit être négocié est réussi, nous pourrons de nouveau les évoquer".
Pour la première fois depuis des mois, des experts de la BCE, du FMI et de la Commission européenne, une formation auparavant appelée "troïka" et qui a symbolisé pour les Grecs une mise sous tutelle de leur pays, sont attendus à Athènes la semaine prochaine.
Ils devront évaluer l'état d'une économie grecque éprouvée par les restrictions financières et qui va subir un nouveau choc, fiscal cette fois.
Le Parlement grec a voté dans la douleur mercredi des hausses de TVA, conformément aux engagements pris lors d'un sommet européen mouvementé à Bruxelles. En échange, ses partenaires ont promis un nouveau plan d'aide, le troisième depuis 2010.
La TVA va passer lundi de 13% à 23% pour une série de biens et services, du sucre aux courses de taxis en passant par les préservatifs, les enterrements, les restaurants.
La chaîne allemande de supermarchés Lidl s'est offert dès dimanche des encarts publicitaires dans les journaux grecs pour annoncer qu'elle ne répercuterait pas la hausse sur les prix.
Le gouvernement espère des recettes supplémentaires annuelles de quelque 2,4 milliards d'euros à partir de 2016 et de 795 millions d'euros cette année.
Mais Alexis Tsipras, dont la mère a assuré à un tabloïd grec qu'il "ne dormait plus" ni ne "mangeait plus", n'est pas au bout de ses peines. L'accord de Bruxelles exige le vote mercredi prochain de nouvelles réformes (justice civile, législation bancaire).
- "Crash test" en vue pour Tsipras -
Selon le journal Avgi, proche de Syriza, M. Tsipras veut faire de ce nouveau vote un "crash test" et démissionner si les défections augmentent. Mercredi dernier, il avait perdu 39 voix sur les 149 députés que compte son parti de gauche radicale, certains élus estimant qu'il avait trahi le référendum du 5 juillet. Les Grecs avaient alors massivement voté contre une poursuite de l'austérité.
M. Tsipras a même enregistré les critiques du prix Nobel d'économie Paul Krugman, jusqu'à présent l'un des plus virulents contempteurs des mesures d'austérité imposées à Athènes: "J'ai peut-être surestimé la compétence du gouvernement grec".
Les créanciers doivent de leur côté mettre sur les rails un nouveau plan d'aide à la Grèce, de plus de 80 milliards d'euros sur trois ans, en surmontant leurs divergences.
Illustrant les frictions, le ministre français des Finances balaie dans une interview parue dimanche l'idée chère à son homologue allemand Wolfgang Schäuble d'une sortie temporaire de la Grèce de l'euro.
"Soit on sort de l'euro, soit on y reste", a dit Michel Sapin à l'hebdomadaire grec To Vima.
De son côté, le président français François Hollande a plaidé pour un "gouvernement" et "un Parlement" de la zone euro, qui comprendrait des pays "à l'avant-garde" (France, Allemagne, Italie...).
Le journal grec de centre droit Kathimerini a lui révélé dimanche qu'une quinzaine de fonctionnaires de la Commission européenne avaient préparé un plan d'action secret en cas de sortie de la Grèce de l'euro, un risque qui n'est pas encore complètement écarté.
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