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Un week-end déterminant pour la Grèce
L'avenir de la Grèce se joue ce week-end du 11 et 12 juillet.
La nouvelle proposition soumise par le gouvernement grec à ses créanciers, examinée dès vendredi 10 juillet par le Parlement, a fait renaître l'espoir qu'un accord puisse être conclu in extremis pour permettre le maintien du pays dans la zone euro.
Cette proposition sera examinée samedi par les ministres des Finances de la zone euro, l'Eurogroupe, dont le président Jeroen Dijsselbloem estime qu'une "décision majeure" devrait être prise à cette occasion, avant un sommet extraordinaire des 28, dimanche.
Dans ce document de 13 pages intitulé "Actions prioritaires et engagements" et publié dans la nuit de jeudi à vendredi, Athènes s'engage à adopter une grande partie des mesures proposées par les créanciers le 26 juin et qui ont été rejetées par les Grecs lors d'un référendum dimanche dernier.
Les propositions d'Athènes paraissent en effet très proches du dernier texte des créanciers sur la plupart des sujets qui fâchent : retraites, TVA, privatisations, taxe sur les sociétés...
Accueil positif
Des échos optimistes sont venus de plusieurs capitales européennes, comme Paris, Vienne, Rome. Berlin attend de voir.
Les marchés financiers ont réagi positivement à ces nouveaux développements avec un raffermissement de l'euro, une hausse des bourses européennes et une nette détente des taux d'emprunt des pays du Sud de l'Europe, la Grèce en tête.
A la tête du camp des conciliants, le président français François Hollande a jugé les dernières propositions d'Athènes "sérieuses" et "crédibles". De nombreuses rumeurs font état d'un soutien actif de la France, très engagée en faveur d'un compromis, dans la préparation des mesures. Le Premier ministre Manuel Valls a jugé pour sa part "équilibrée et positive" la position des Grecs.
Prudence de Berlin
Le gouvernement allemand a montré qu'il ne voulait pas être bousculé, indiquant "ne pas pouvoir juger du contenu" des propositions à ce stade, et "attendre que les institutions (BCE, UE, FMI) communiquent leur avis", avant l'Eurogroupe.
Peter Kazimir, le ministre des Finances de la Slovaquie, autre pays très dur vis-à-vis de la Grèce, a, quant à lui, concédé "un progrès".
La présidente lituanienne Dalia Grybauskaite était toujours rétive, jugeant que les propositions grecques devraient encore "être sérieusement corrigées". Elle misait sur un accord à 50/50.
Manifestation à Athènes
Athènes doit obtenir à la fois le feu vert des créanciers, des Grecs qui ont rejeté dimanche dernier à 61% lors d'un référendum une potion d'austérité similaire à celle offerte aujourd'hui par le gouvernement, et de l'aile gauche de Syriza, le propre parti du Premier ministre Alexis Tsipras.
Sept à huit mille personnes manifestaient vendredi soir à Athènes à l'appel du PAME, syndicat communiste, et de partis de gauche. "Syriza soutient le capitalisme", affirmait une banderole. "Si les Grecs ont voté aussi massivement pour le non c'est parce qu'ils voulaient mettre fin à la rigueur. Le gouvernement n'en tient pas compte", déplorait Evgenia Roussos, une étudiante proche du parti Antarsya ("Mutinerie").
Cinq membres de la plateforme de gauche du parti, dont trois députés, ont d'ores et déjà estimé vendredi que le gouvernement ne devait pas céder au "chantage" des créanciers.
Appui de l'opposition
Mais M. Tsipras devrait pouvoir compter sur l'appui des grands partis d'opposition, qu'il a abondamment consultés cette semaine.
Signe de sa volonté d'aller vite, il demande dès vendredi l'avis du Parlement grec sur les propositions du gouvernement. Après des discussions en commission, les députés devaient débattre en séance plénière en début de soirée, puis voter dans la nuit.
Aux premières heures de la matinée, M. Tsipras avait fait la leçon à son propre groupe parlementaire réuni à huis clos. "Ou on continue ensemble, ou on chute ensemble", aurait-il averti, arguant qu'au-delà des mesures d'austérité qu'ils n'aiment pas, les Grecs voulaient, pour les trois quarts, rester dans l'euro.
Activité au ralenti
"Il y avait beaucoup de oui dans le non et beaucoup de non dans le oui", expliquait, philosophe et résigné, Grigoris Manthoulis, un commerçant dont l'activité est au ralenti depuis la fermeture des banques et l'instauration d'un contrôle des capitaux, le 29 juin.
Une mesure prévue pour durer jusqu'à lundi mais dont le vice-ministre des Finances Dimitris Mardas a laissé entendre vendredi qu'elle pourrait encore se prolonger, avec des aménagements.
La dette : un sujet qui divise
Mais pour "un accord complet", comme l'a souligné M. Valls, il faudra, du point de vue grec et du point de vue français notamment, non seulement des réformes, mais aussi "une perspective claire sur le traitement de la dette", 180% du PIB grec. La mise en place d'un plan d'allègement de la dette est la principale concession attendue par Athènes.
Le sujet divise les Européens mais Athènes insiste pour ce débat, avec le soutien affiché, outre de la France, du FMI (dont l'ancien directeur général, Dominique Strauss-Kahn, a plaidé à titre personnel pour un allègement de la dette grecque dans sa première prise de position publique depuis 2011), du président du Conseil européen Donald Tusk et de nombreux économistes.
Berlin a vu vendredi "très peu de marge de manoeuvre" pour restructurer cette dette. Une sorte d'avancée néanmoins par rapport à jeudi, lorsque la chancelière Angela Merkel avait dit qu'une réduction de la dette grecque était "hors de question".
Le nouveau ministre grec des Finances Euclide Tsakalotos a espéré pour sa part que "beaucoup des demandes de la Grèce sur la dette vont être acceptées", citant notamment un échange de 27 milliards d'euros d'obligations entre la BCE et le Mécanisme européen de stabilité (MES), prôné de longue date par les Grecs.
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