Je sais toujours où le trouver

C'est normal il ne bouge jamais

Et quand le bonheur se fait rare

César me raconte son histoire

Il me dit de sa voix grave d'arbre agé

Même si je n'ai pas beaucoup voyagé

Le pays est venu à moi

Ce n'est pas de la langue de bois

Au temps de ma splendeur

Des hommes sans foi ni cœur

Sont venus m'arracher

à la forêt

Ils m'ont mis sur une place

Où pissent les chiens qui passent

Où les pigeons

Sur moi se soulageaient

Ils me regardaient à peine

En allant noyer leur peine

Dans le seul abreuvoir

Du quartier

J'entendais leurs cris de haine

De villageois qui se plaignent

Du bordel

Que font les étrangers

Je sais toujours où le trouver...

Sous le béton mes racines

En des courbes assassines

Comme une menace

Grandissaient

S'épanouissaient de colère

Privées de l'eau et de l'air

Que tout arbre

Est en droit d'exiger

Elles fendirent le pavé

Sans se laisser entraver

Par les cris de passants

Assiégés

On fit venir une benne

On jeta mon corps d'ébène

Dans la fosse

Où tu m'as retrouvé.

Je sais... (instrumental)

Il me dit

De sa voix grave d'arbre agé

Même si je n'ai pas beaucoup

Voyagé

Un ami est venu à moi

Ce n'est pas de la langue de bois...